Sabre de Cuirassier AN XI de la Grande Armée


Sabre de troupe de Cuirassier, Modèle An XI, de la Grande Armée de Napoléon.

Un des sabres les plus emblématiques du Premier Empire, celui-ci date de Mai 1810, mois de naissance de Alexandre Walewski, fils naturel de Napoléon et de Maria Walewski.

Les cuirassiers seront de toutes les charges de l'Empire, d'Austerlitz à Waterloo.

Il s'agit ici de la dernière version dites de l'an XI avec quatre branches de garde en laiton, se rejoignant à la calotte sous forme de trois boutons.

Notre  sabre a été monté à Versailles avec le poinçon de Nicolas Boutet, le célèbre arquebusier de l'Empire.




Il a du avoir une deuxième vie, après l'Empire,  jusqu'au Second Empire.

En effet, on trouve gravés sur la monture, trois jeux de marquages de régiments "J 135", "I 94" et "1857".

De plus le filigrane sur la poignée a quinze spirales de laiton torsadé, changées selon les goûts en vigueur durant la restauration, la poignée originelle ayant que onze ou treize spirales.

Poignée ronde surmontée d’une calotte en laiton de forme ovale, coupée en accolade sur la poignée, avec virole en cuivre.
La pièce de rivure couronne le tout.

Lame droite à double pans creux de 94 cm (97.5 cm avant taillage en pointe).

La largeur au talon est de 3,85 cm.

L'arme pèse 1.1 kg sans fourreau et 2.1 kg avec et mesure 110 cm au total.


Cuirassier blessé quittant le feu de Théodore Géricault
© Musée du Louvre Paris



Marquages du "B" de JG Bick, contrôleur de Première classe à Kligenthal de 1809 à 1812 et du "M" de Claude Marion, Inspecteur de 1808 à 1811.



La terreur de l'opposant par Mariusz Kozik ©





par AF Telenik ©


Une cravate en cuir pour sa deuxième vie après l'Empire...avec un marquage J 135 sous le plateau de garde.


© Cuirasse vendue par Christie's en 2012
elle lui a sauvé la vie!







"Chargez" par Mariusz Kozik ©

Les cuirassiers sont les prestigieux cavaliers des Régiments de Grosse Cavalerie, au célèbre casque à cimier et crinière.

Avant la bataille, la cavalerie éclaire l'armée; pendant la bataille, elle soutient l'infanterie, exploite ses succès ou crée l' "événement "; après la bataille, elle poursuit l'ennemi ou couvre la retraite.

Les cuirassiers sont en soutien de la cavalerie légère, pour créer l' événement avec la rupture d'un front.

Ainsi l'Empereur, à Waterloo, sera furieux après Ney pour avoir utilisé la cavalerie dites de réserve trop tôt...elle était destinée à exploiter des brèches dans la défense de l'adversaire au moment le plus opportun.

pour une lame de 94 ou 97.5 cm

Le fourreau en acier à deux bracelets de bélière, dit de 1816, permettant de recevoir la lame, avant modification en langue de carpe, longue de 97.45 cm.

Ici elle ne fait plus que 94 cm, beaucoup de sabres ramenés de Waterloo par les soldats anglais portent déjà ce fourreau, avec la lame en pointe en carpe ou dans le prolongement du dos.
On en trouve de même dans des musées autour de Waterloo.

Comme les sabres de cavalerie lourde anglaise avant Waterloo, la mode militaire pour les cavaliers lourds étaient de ramener leur lame en pointe.





Cuirassiers à Eylau
Le Général d'Haupoul après avoir exécuté deux charges à la tête de sa division de cuirassiers, est blessé lors d'une troisième, il meurt cinq jours plus tard, le 14 février 1807, de septicémie


En l’An XI, le Sabre du modèle précédent, " l'AN IX ", est remis en question pour deux raisons importantes :
  • la lame plate est trop lourde.
  • le fourreau en tôle de fer accuse une fragilité majeure aux chocs qui le déformaient, bloquant souvent le sabre à l’intérieur.
Le fourreau sera remplacé par un plus épais, mais décrié, car si solide qu'il occasionne des blessures aux cavaliers qui chutent avec ou au cheval.


Dard de 1816 en lyre

Numéro de rack de 1857 identique à celui du sabre

Ici nous avons un modèle de fourreau dit de "1816" avec le dard en forme de lyre mais qui sera en dotation dès 1815.

Pour preuve le nombre de sabres ramenés en Angleterre après Waterloo, avec le fourreau de 1816 et le sabre portant le même matricule.

Cuirassier français au combat contre les cuirassiers russes par AF Telenik ©

 Lame ramenée en pointe, dites en "langue de carpe" au règlement de 1816.


"Manufacture Impériale du Kligenthal Mai 1810".
 En Mai 1810, naissait Alexandre Walewski, fils naturel de Napoléon et de Maria Walewski et eut lieu la prise de Lérida par Louis-Gabriel Suchet.


L'article 11 du bail d'Entreprise attribué à l'entrepreneur Coulaux, le 29 avril 1810, stipule que le nom de l'entrepreneur figurant sur le dos des lames est remplacé par le mois et l'année de fabrication.

C'est donc un des premiers sabres produits avec la mention de date.


Cuirassier par Lucien Rousselot ©



Marquage H, V pour "vérifié" ou 'visité" à la Manufacture de Versailles dirigée
par Nicolas Boutet, et J135 sous le plateau de garde.


Le dernier drapeau capturé par les cuirassiers 
à Waterloo, celui du 69 Th de Ligne anglais

Avec le Sabre de l'An XI, la lame retrouve les pans creux en usage avant l’An IX et depuis 1779 dans la Cavalerie de Ligne et les Dragons.

Le fourreau a un métal épaissi, doublement bosselé à l'intérieur pour caler parfaitement la lame, sans besoin d'alèses de bois.

Un poinçon au B pointé, peut-être le poinçon étoilé de Francois, Antoine Bisch contrôleur de seconde classe a Chatellerault vers 1857, marquage qui date de la longue longévité de se sabre après l'empire.


Intérieur du fourreau doublement bosselé pour épouser la forme de la lame et bien la maintenir


Le Sabre An IX restera en service jusqu’en 1855, côtoyant les modèles de 1816, 1822, les lames seront ramenées sur leur axe central dites en langue de carpe, dès 1815.

Ce sabre sera fabriqué sans interruption de 1808 à 1817 à raison de 54 640 exemplaires.


Cuirassiers à Eylau


Plusieurs marquages pour ce sabre I94 numéro de rack et poinçon de Nicolas Boutet pour sa vie sous l'Empire, puis après l'empire on trouve 1857 sur le sabre et fourreau ainsi que plusieurs petits V. pour "Vérifié" ou 'Visité" à Versailles chez Boutet.


Le poinçon de Nicolas Boutet, un "B" stylisé.


© Lucien Rousselot


Marquage illisible... F ou I


Marquage "V" pour Vérifiée ou Visitée 

La réforme de Napoléon Bonaparte du 1er vendémiaire an XII a mené à une totale réorganisation de la cavalerie française et à la création de 12 régiments de cuirassiers. Les régiments étaient organisés en 2 compagnies de deux escadrons, à raison de 200 hommes par escadron. En 1807, le régiment passe de 4 à 5 escadrons avec un effectif de 1 040 hommes.


Malgré la suppression du 5e escadron en 1809, l’effectif ne diminuera pas. Un 13e et un 14e régiment seront constitués en 1810 et en 1812.

Les cuirassiers faisaient partie avec les carabiniers de la cavalerie lourde, aux côtés des dragons et lanciers (cavalerie de ligne) et des hussards et chasseurs à cheval (cavalerie légère).

La taille minimale des cuirassiers était fixée à 1,73 m.

Outre la cuirasse (équipement dont étaient dépourvus les trompettes) , ils recevaient une carabine, aussi appelé mousqueton, une latte (notre sabre) et deux pistolets.

Voir l'article sur les tests de pénétration sur les cuirasses.

La sellerie se composait d'une schabraque liserée aux couleurs régimentaires en peau de mouton couvrant les fontes, d'une couverture de selle carrée et d'un porte-manteau rectangulaire timbré du n° du régiment.

La puissance de leurs charges était telle, qu’ils étaient surnommés familièrement « Les gros frères » ou « Les hommes de fer » .

Balzac, dans le Colonel Chabert, et Victor Hugo, dans les Misérables, ont décrit ces charges comme faisant trembler tout le champ de bataille.

Les cuirassiers furent commandés par les plus grands généraux de l'ère napoléonienne: Murat, Lasalle, D'Haupoul, Espagne, Lannes.






Cuirassiers en action L Rousselot ©



En 1801, ayant pris conscience lors de la seconde campagne d’Italie de la nécessité de se doter d’une cavalerie de «rupture» efficace, Bonaparte créa les régiments de cuirassiers dites de grosse cavalerie. 

En 1809, Napoléon décida de cuirasser aussi les régiments de carabiniers .

Le plastron, dossière, casque en acier ajoutés aux puissants chevaux necessaires à ces régiments ont fait que les cuirassiers furent une des branches de la cavalerie les plus coûteuses à équiper et à entretenir.

Voici sans doute la raison pour laquelle elle ne dépassa guère les douze régiments d'origine, les trois nouvellement créés l'étant, pour deux d'entre eux, à partir de détachements déjà existants et, pour le troisième, grâce à l'amalgame de l'armée hollandaise en 1810 (le 14 ème cuirassier)

Les régiments de cuirassiers coûtaient fort chers au budget de la Grande Armée.


Napoléon continua de manifester son intérêt pour la cuirasse, souhaitant ainsi la faire porter à tous les dignitaires de l’ordre des Trois Toisons d’Or tandis qu’il songeait encore en 1812, à créer des compagnies de gardes du corps portant également la cuirasse.

C’est peu de temps avant la bataille de Friedland, en mai 1807, que l’on trouve pour la première fois trace du casque et de la cuirasse de Napoléon, il la porta une seule fois et se trouva fort ridicule, elle se trouve au musée de la Légion d'Honneur à Paris.



Cuirassier sabrant


Un soldat anglais après Waterloo décrit:

" Une charge de cuirassiers avait un effet hypnotique...nous attendions une charge d'Infanterie française...nos lignes étaient prêtes et calmes....soudain je vis notre sergent inspectant nos lignes  s'arrêter...je ne compris pas pourquoi...puis je sentis dans mes jambes un tremblement...puis la terre se mit à gronder et bouger sous nos pieds.

Je fus saisi d'anxiété..mon voisin un véteran
, le private Millan, laissa tomber sa pipe en terre... je vis sur son front un halot de lumière...alors face à nous se trouvait une charge de cavalerie auréolée de lumiere au soleil.

Les casques, sabres et cuirasses brillaient de mille feux...puis des lames d'acier percèrent nos tuniques rouges!
A condition de ne pas être parmi notre carré...c'était un grand spectacle...Malgré le bruit de la bataille...on entendait partout "Vive l'Empereur"'


2ème Cuirassier par AF Telenik ©



Cuirasse et casque de parade de Napoléon Ier, 1807
© Musée de la Légion d'Honneur Paris


Napoléon projeta de doter ses maréchaux d’armures de parade. 
Deux prototypes furent livrés pour l’Empereur et le maréchal Berthier peu après la victoire de Friedland en juin 1807. 
L'Empereur se trouvant fort ridicule, le projet resta sans suite et les deux cuirasses demeurèrent en possession de Berthier.







Ce site est dédié aux soldats, officiers, généraux et maréchaux de 
l' Epopée Napoléonienne, tombés au champ d'honneur



Sources Graphiques:

Peintre russe A Telenik ou Александр Теленик
Peintre russe A Yejov


A lire ou voir:

- Balzac 'Le Colonel Chabert"
  Le film de yves Angelo de 1994 avec sa magnifique charge de Cuirassiers

- Musée de la Légion d'Honneur Paris pour voir la cuirasse de l'Empereur

- Le livre "Le Jour De Colère" de Arturo Perez-Reverte où il décrit les événements du 2 mai 1808 en Espagne, notamment la mort du Sous-Lieutenant de Cuirassier Charles Legrand, fils du Général, tué à 19 ans. Fils du Général Claude Juste Alexandre Louis Legrand, qui lui décédera, en 1815, des blessures reçues au passage de la Bérézina.
On y "voit" la violence des combats et le massacre des cuirassiers par la population de Madrid.

Sabre d’Officier des Régiments d'Eclaireurs de la Garde Impériale




Ce sabre d'officier pourrait être attribué aux régiments d'éclaireurs à cheval de la Garde Impériale, selon la planche de Christian Ariés.

Sous un des oreillons de la garde figure, gravée, une étoile stylisée, symbole des éclaireurs.

Un joli sabre de cavalerie légère du Premier Empire.

Il se distingue par une monture à branche unique avec une calotte étranglée finissant par une coupole en forme de côte de melon.

La poignée quadrangulaire est en bois, façon ébène quadrillé, la calotte est surmontée de belles "côtes de melon, le quillon de la branche principale est recourbé en bouton en forme de lingot.

La branche de garde est à angle droit avec la croisière, fixée par crochet dans la calotte.








Pendant la retraite de Russie, les armées impériales sont régulièrement prises à partie par les détachements de cosaques, régiments de cavalerie légère très mobiles et destinés à la reconnaissance.

Très impressionné, Napoléon Ier décide à son retour en France de créer les Éclaireurs de la Garde impériale, trois régiments de cavalerie, qui seraient l'équivalent des cosaques.

La formation de trois regiments d'éclaireurs est décidée en 1813.

Le premier régiment sera réuni aux Grenadiers à Cheval et sera vêtu comme les Gardes d' Honneurs, avec un habit-veste en drap vert fermé sur le devant par neuf boutons blancs.



1er Régiment d'Eclaireurs de la Garde Impériale par Benigni ©




Le second régiment sera réuni aux Dragons et aura l'uniforme semblable à celui des Chasseurs de la Ligne.

Eclaireur du 1er régiment, jeune garde,
équipé d'une lance sans flamme
par  Roussetot.
En Janvier1814, le 2ème éclaireurs atteint un effectif de 28 officiers et 829 hommes.

Le régiment est vêtu d'un habit-veste vert foncé, identique à celui des éclaireurs de la jeune garde du 1er régiment, la couleur distinctive est le cramoisi, c'est-à-dire rouge foncé.

Les officiers sont vêtus de la meme façon avec un drap plus fin et tous ce qui est jaune pour la troupe...est or pour les officiers.

Le troisième régiment, constitué de Polonais, sera rattaché au Premier régiment de Lanciers Polonais de la garde appelé aussi "éclaireur-lanciers", portant l'uniforme des Lanciers de la Ligne.

Contrairement aux deux autres régiments il n'a pas de colonel à sa tête mais uniquement un major-commandant, le chef d'escadron Jean Kozietalski, son colonel est le général de division comte Vincent-Corvin Krasinski, colonel du 1e lanciers de la Garde.




Le troisième régiment porte la tenue à la polonaise, kurtka bleu foncé, collet, revers, parements et passepoils cramoisis, contre épaulette blanche; seules les recrues issues du 1er lanciers de la garde portent l'aiguillette à l'épaulette blanche.

Major (Lieutenant-Colonel)
du 2ème Régiment
Les trompettes ont le kurtka bleu de ciel et cramoisi, les sous-officiers ont la tenue des chevau-légers lanciers polonais de la vieille garde.

Les pantalons sont gris, garnis de basane, ne comportent pas de bandes cramoissies.

Le czapska est semblable à celui des lanciers rouges de la jeune garde, à la couleur près. Les officiers sont vêtus comme les officiers polonais de la vieille garde, tout ce qui est blanc dans la tenue de la troupe est argent chez eux.

Enfin, l'armement du 3ème éclaireurs est identique à celui des deux premiers régiments.

Tous les hommes sont armés du sabre modèle an XI de cavalerie légère. Les éclaireurs de 1e rang sont équipés en plus d'une lance modèle 1812 sans flamme, et d'un seul pistolet, en général un modèle an XIII de cavalerie, suspendu par le pontet de sous-garde au porte-mousqueton, les éclaireurs ayant les chevaux équipés d'un harnachemenl simplifié ne possèdent pas de fontes à leurs selles.

Le pistolet est l'unique arme à feu pour les gradés, les trompettes et tous les hommes non équipés d'un mousqueton.

Colonel Claude Testot-Ferry par Benigni ©


Le Colonel Claude Testot-Ferry  est chargé d'organiser la création du 1er Régiment d’Eclaireurs de la Garde Impériale.

A la bataille de  Craonne et Arcis-sur-Aube, il reçut 22 coups de sabre durant cette journée mais les régiments d'éclaireurs à cheval de la Garde Impériale remportèrent une belle  victoire et se firent remarquer de l'Empereur.




Il pourrait s'agir d'un sabre du 1er ou 2 ème Régiment.

Le sabre est simple avec sa monture à une branche, ornée d'une cannelure à l'arrière; avec une petite étoile stylisée, symbole des éclaireurs figurant sous l'un des oreillons...un beau spécimen de sabre du Premier Empire.






Eclaireur du 2 ème Régiment par Benigni ©





Le sabre a une lame courbe de 79 cm à dos plat et un pan creux...elle est bleuie et gravée de foliacés et trophées militaires, pour un poids de 0.62 kg sans fourreau.

C'est donc une arme trés légère, trés équilibrée et maniable.

Une belle arme pour un officier au léger gabarit, sachant que les éclaireurs en théorie devaient mesurer plus de 1m 70, beaucoup ne faisaient pas cette taille, comme on peut en deduire des écrits du Capitaine  Jean-Roch Coignet.


Le fourreau est entièrement en laiton avec un dard asymétrique en fer.


Ensemble des Eclaireurs




Ce sabre n'est pas resté longtemps au fourreau, les régiments d'éclaireurs, depuis leur création en 1813, vont participer à presque toutes les batailles de la campagne de France, souvent parmi la cavalerie de la garde.

Ils fourniront les plus importants contingents et seront toujours dignes de leurs aînés de la vieille garde. 

Ces régiments vont disparaître avec la 1ère abdication en avril 1814 et ne seront pas reformés durant les Cent-Jours.






Eclaireur du 3ème Régiment par Benigni










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Sources:

Tradition Magazine no 164