Sabre De Sous-Officier de Hussard Modèle 1777 dit 1786, Version Républicaine



Sabre de Sous-Officier de Hussard, modèle 1777 du règlement de 1776 plus communément appelé 1786.

La fabrication de ces sabres ou variantes s'étendra de 1792 à 1802 (AN XI).

 
Sabre et son "cordon de fourrage", les ciselures sur le fourreau
penchent pour un sabre de sous-officier
© SabresEmpire


Ce sabre de Hussard avec garde à une branche n'est qu'un maillon de la chaine commencée en 1750, suivi du modèle de 1767, 1777, 1786 et qui se terminera avec le modèles de l'an IV, viendront ensuite, pour la cavalerie légère, les sabres avec les montures "à la chasseur" avec l'an IX et an XI.

Le sabre présenté n'est pas une arme de dépôt, il témoigne des multiples campagnes auquel il a dû participer à travers l'Europe.

Monture en laiton, garde à une branche à angle droit, calotte à longue queue dite en forme de cuillère. Elle est frappée du poinçon au Coq, poinçon de réception des montures de 1793 à 1799  (le coq est issu du jeu de mot romain, en latin Gallus signifiant coq et Gaulle...le coq devient symbole de la France)

Poignée en bois gainée d'une basane de veau bouillie puis collée et teintée au brou de noix, sans filigrane (tradition hongroise oblige). On peut voir la ficelle sous la basane qui entoure la fusée de bois, certainement du hêtre. Le trou dans la poignée, pour le passage de la dragonne a été supprimé sur ces modèles à la Révolution.

A noter sur ces sabres que le cuir gaine la fusée et remonte à l'horizontale sous le pommeau allongé ( sur le notre le cuir a souffert à cet endroit), style qui disparaitra avec l'Empire.







Oreillons bombés en navette sur la pièce de garde.

Lame courbe à dos plat, contre-tranchant et pans creux, sans marquage sur le dos, frappée du poinçon de faisceau de licteur chapeauté du bonnet Phrygien  (les faisceaux de licteur sont un symbole très présent à la révolution de 1789), poinçon de contrôle des lames durant la période révolutionnaire de 1793 à 1799.

La lame mesure 85 cm de long pour 7 cm de flèche, 3.5 cm de large au talon.

Le sabre pèse 0.870 kg et 1.4 kg avec fourreau, il est donc moins lourd quelle sabre de l'an XI ( voir le Sabre AN XI de notre collection




Poinçon au Coq, poinçon de réception des armes réglementaires de 1793 à 1799.


Il est plus maniable, mieux balancé avec une flèche supérieure de 2cm, c'est un sabre aussi efficace que le sabre des cavaliers légers anglais, le Modèle 1796 ( voir celui de notre collection).

On comprend pourquoi il a eu une telle longévité sur les champs de bataille!

On retrouve ce sabre entre les mains d'un des héros du roman de Arturo Perez-Revente 'Le Hussard"



Un émouvant témoin du passé 
© SabresEmpire 


3eme Hussard par Herbert Knotel ©


Monture qui est la grande soeur du sabre dessiné par Boutet pour la Garde Impériale


© Trompette des Chasseurs à Cheval de la Garde des Consuls
 vers 1803 par P Benigni il porte un sabre dans la lignée du 1777


Fourreau, à deux anneaux de bélières et alèses en bois... de fabrication plus travaillée que les sabres de troupe; piton de bélière en laiton, anneaux en fer, dard du fourreau en fer (le modèle initial de 1777 le dard en fer ne couvrait que la partie postérieure de la bouterolle, ensuite le dard entoure entièrement la bouterolle comme sur notre version).

Il se caractérise par des garnitures échancrées en demi-cercles, typiques du consulat, surlignées d'un filet gravé, probablement pour le compte d'un sous-officier.

La longue chape ainsi que la bouterolle en cuivre sont fixées au cuir du fourreau par deux agrafes à l'arrière du fourreau.

Il précède l'évolution à venir du sabre créé par Boutet pour les chasseurs à cheval de la garde en 1802. 

Le célèbre modèle tant recherché et copié par les faussaires dès les années 1830.


Poignée en bois gainée d'une basane de veau bouillie, sans filigrane (tradition hongroise oblige!). On peut voir la ficelle sous la basane qui entoure la fusée de bois, certainement du hêtre...


Il a gardé de son ancien propriétaire l'attachant cordon de cuir dit "de "fourrage".

Les sabres de Hussards ont peu évolué depuis le modèle de 1752 de l'Ancien Régime, ils ont toutefois perdu l'oeillet sous la calotte qui permettait le passage de la dragonne.

Voici quelques données extraites du livre de Jean Lhoste et Patrick Resek
"Les sabres de l'armée française" quant à l'évolution du modèle de 1776:

MODELES         LONGUEUR LAMES    LARGEUR TALON    FLECHE     FORME LAME
1776                    81.22 cm                          4.06 cm                        4.51-4.74     plate
1778                    81.22                                3.83 cm                        7.22 cm       pan creux  
1783                    ie                                       ie                                 ie                ie
1786                    ie                                       ie                                 6.99 cm       ie


Durant la période de troubles, engendrée par la Révolution Française, la fabrication des armes va se trouver perturbée, ainsi par manque de cuivre des modèle de l'an IV ou IX pourront avoir des montures ou garnitures de fourreau en fer.


Cavalier du 7 ème Régiment de Hussards 



© SabresEmpire


Ainsi en 1793 à Klingenthal, le travail est quasi arrêté, le premier contrôleur, Jacques Mouton, prendra les rênes de la manufacture pour répondre aux demandes du Comité de Salut Public, qui cherchait une plus grande qualité de la fabrication et un accroissement des quantités.

De 1793 à 1798, la manufacture de Klingenthal frappe les montures de laiton des hommes de troupe du poinçon de contrôle au coq en guise de contrôle et du faisceau de licteur pour le contrôle des lames.



4 eme  Hussard © P Benigni


La révolution française verra jusqu'a 380 fournisseurs, réquisitionnés ou non par le Comité de Salut Public pour fournir les armes des conscrits des Armées Révolutionnaires.

Le sabre de Hussard coûte en 1797...20 Francs 50, celui de Chasseur 18 F 50, celui de Carabinier à lame pleine 15 F 50, celui à la lame à deux gouttières 18 francs et le sabre de Dragons 17 F 50 (source Premier Vendémiaire An VI-22 Sept 1797).

C'est le sabre des Hussards de Valmy, Lodi, Arcole, Rivoli, de la campagne d'Egypte, Marengo, Austerlitz mais il sera aussi entre les mains des Chasseurs à Cheval de la Garde des Consuls (avec toutefois un laiton plus "chaud", de meilleur qualité) durant leurs exploits à la bataille de Marengo, en Juin 1800. 


Poinçon au faisceau de licteur pour le contrôle des lames sous l'oreillon


Hussard et son sabre 1776


A 800 contre plusieurs milliers, les Chasseurs à Cheval de la Garde des Consuls ont tenu bon pendant cinq heures, laissant le temps aux troupes du général Desaix d'arriver sur le champ de bataille. 

La Garde des Consuls touchera ensuite le célèbre sabre de Boutet en 1802 et l'ensemble de la cavalerie légère française sera doté des sabres à la Chasseur de l'an IX et An XI.


Hussard Hollandais en 1798 et son cordon de fourrage
par Van Der Tas, Queen Royal Collections ©




Recrutés en Hongrie puis en Allemagne, et intégrés dans l’armée française depuis Louis XIV, les hussards font preuve de particularités dans leur équipement et resteront attachés fortement à leurs traditions.

Ainsi beaucoup y resteront fidèles, certains jusqu'en 1812...la campagne de Russie fera le reste! faisant disparaître des rangs, le sabre à la Hongroise, ramené par les hussards du Comte de Bercheny au milieu du XVIII ème siècle.

Aux six régiments de hussards, existant sous l'ancien régime et forts de 5000 sabres, s'ajoutent en 1791, les formations de volontaires montés. En 1793, l'ensemble des troupes est réorganisé en douze puis quatorze régiments.

Corps aux uniformes très chamarrés, la Révolution permettra aux Hussards, les extravagances les plus folles en matière d'uniforme, creuset de la future richesse des uniformes que connaîtra l'Empire.
Ainsi en 1801, même les chasseurs à cheval de la garde consulaire adopteront le fringant uniforme des hussards avec dolman et pelisse.


4 ème Hussard en 1804 par P Benigni ©


Cordon dit de fourrage noué sur les pitons de bélières


Ce dernier mérite quelques approfondissements, il est souvent confondu avec la corde à fourrage qui était enroulée autour des épaules des premiers hussards qui donnera plus tard la "fourragère", nom d'ailleurs donné par Napoléon 1er, lui-même.


Il est confondu avec la corde à fourrage, de 5 mètres avec anneau de fer, donnée en dotation avec le sac à avoine pour chaque soldat depuis la nuit des temps, puisqu'elle faisait déjà parti du paquetage des troupes de l'Empire Romain.

Beaucoup d'accessoires des hussards proviennent d'objets détournés au fil du temps de leur fonction première, telle la sabretache, le dolman, etc.

A mon humble avis (le débat reste ouvert ) les fonctions de ce cordon de cuir pourraient être les suivantes :

- Cordon de cuir de secours pour remplacer une dragonne de sabre, une bride cassée, ou permettre un garrot, etc.

- Mais surtout, la façon compliquée et durable de nouer ce cordon autour des anneaux de bélières, montre que l'on cherchait par une forte pression entre les anneaux; à rendre plus pérenne le montage bouterolle-chape-alèses et agrafes situées à l'arrière du fourreau.

Cela devait servir à renforcer des fourreaux de conception fragile, soumis à rude épreuve sur les champs de bataille pendant quasiment vingt ans sans interruption.

Ainsi sur notre sabre, le cordon a été noué depuis chaque piton de bélière et non pas sur les anneaux.


 Longue bouterolle de cuivre ainsi que la chape reliées au cuir et alèses de bois par deux agrafes 

Pour preuve, on ne retrouve jamais ce type de cordon sur les sabres qui vont remplacer les sabres des Hussards, tels les sabres AN IX et AN XI qui ont des fourreaux de tôle de fer, plus solides, pourtant les cavaliers avaient toujours besoin de fourrage...de même s'il était le scoubidou de l'époque, propre à faire passer le temps pendant les casernements, on le retrouverait alors sur de nombreux sabres.


Hussards du 9 ème en mission de fourrage- An IV (1796),
le Hussard au premier plan avec un fourreau en acier typique du sabre de l'An IV


Le dard, en forme de lyre asymétrique, ne présente pas d'usure majeure sur notre sabre. Certains pensent qu'une usure avancée du dard est signe d'authenticité, le terme "traineur de sabre" est plus à prendre au figuré qu'au propre, comme d'ailleurs un "traineur de guêtres", de plus cette usure dépend en grande partie de la qualité du métal utilisé pour le dard et des habitudes du cavalier qui le portait.


Les deux oreillons de la monture sécurise le sabre au fourreau


Un traîneur de sabre
Bien sûr qu'un jeune hussard, pour impressionner les passantes, devait laisser trainer son sabre sur le pavé; mais considérant que son arme lui était donnée en dotation pour la durée de la conscription et que les réparations étaient à sa charge, pourquoi laisserait-il son arme trainer dans la fange des rues du XVIII ème et XIX ème siècles! au lieu de le tenir à la main ou sous le coude.

Le terme traineur de sabre fut surtout utilisé par les non militaires et royalistes, de façon péjorative, ainsi peut on lire dans le livre de Capefigue "L'Europe pendant la révolution française " publié en1843:

"les traîneurs de sabre remplaçaient les mousquetaires, les officiers aux gardes et chevau-légers de la reine; avec cette différence que si les gentilshommes ne pouvaient se séparer d'une impertinente légèreté, polie mais railleuse, les traîneurs de sabre restaient grossiers, impératifs, dominateurs au milieu de cette société, méprisant les bourgeois avec plus de hauteur el de dédain que la féodalité ne traitait les manants des villes; ils ne les désignaient que par des épithètes injurieuses et méprisantes. Les traîneurs de sabre inventèrent ce mot de pèkin pour désigner tous ceux qui n'étaient pas militaires.

Cette classe grandit considérablement à mesure que l'armée conduit de glorieux succès, jusqu'à ce qu'elle s'emparât tout à fait de la société par l'avènement à la dictature du général en chef des sabreurs d'Italie.

Les fournisseurs remplaçaient les financiers d'autrefois, rôle brillant de comédie, pauvres amants trompés, généreux et magnifiques. Un fermier-général jetait des colliers d'or, des billets de la caisse d'escompte à Lisette, avec cette profusion oublieuse qui ne calcule rien; son souper abritait les gens de lettres, les artistes; Voltaire était l'ami de La Popelinière; le magnifique Helvétius réunissait dans ses salons dorés tous les encyclopédistes, gens moqueurs, spirituels, quand le soir, sur la petite causeuse, le vin de Champagne pétillait dans les verres."


Coté monture, la poignée a souffert


Les soldats de la Révolution à Venise, pendant la campagne d'Italie...
le Hussard jamais sans son sabre.


Ce sabre par sa longévité, à travers la Première République Française, sous le Directoire et Consulat, est un des sabres de combat les plus attachant dans une collection, car il a écrit parmi les plus grandes pages de l'épopée napoléonienne.

7eme Bis Régiment de Hussard en Egypte 


Calotte à longue queue dites en forme de cuillère


Trompette du Rgt
des Dromadaires

C'est aussi le sabre qu'équipait le Régiment 7ème Bis de Hussard, témoin prestigieux de la campagne d'Egypte de 1798 à 1801.

Il va jusqu'a équiper le Régiment des Dromadaires, souvent ils préféreront utiliser un sabre à la Mamelouk ( voir celui de notre collection)

Le 6 janvier 1799, Bonaparte rentré au Caire publie trois jours plus tard, un arrêté stipulant la création du Régiment de Dromadaires.

Pour la campagne d'Egypte, l'armée française forte de 3000 cavaliers cavalerie, est embarquée sans  montures.

Ils n'emportent avec eux que leur sellerie. Les attelages d’artillerie eux sont réduits au minimum quant au nombre de montures, même pas suffisant pour assurer le débarquement des pièces et des caissons.

Avant de quitter la France pour l'Egypte, Bonaparte écrit au Directoire, que l'on peut compter facilement sur la réquisition de 10 000 à 12 000 très bons chevaux.

C'est une grave erreur, les mamelouks et arabes ne céderont leurs chevaux, qu'une fois trépassés.




La remonte de la cavalerie devient aussi quasiment impossible, c’est donc à pied que les chasseurs, hussards (7 ème Bis Régiment de Hussard ) et dragons se dirigent vers le Caire depuis leur débarquement d'Alexandrie, transportant sur leur dos leur équipement équestre y compris des selles trop larges pour le dos plus étroit des chevaux arabes.

Desaix écrit à Bonaparte "Je dois me débarrasser des Mamelouks, mais mon Général, vous savez que les succès sont sans fruit sans cavalerie ".





Bouton de rivure sur le "couvercle" (terminologie de l'époque)


Le fameux Régiment des Dromadaires en Egypte, avec un sabre de Hussard Modèle 1776,
beaucoup préféreront un sabre de Mamelouk.


Aussi Bonaparte décide l’organisation d’un corps de Régiment de Dromadaires, qui tiendra à la fois de l’infanterie et de la cavalerie, et que la rapidité de sa marche appellera à rendre de grands services.

Y seront incorporés dans ses rangs principalement des fantassins mais aussi des cavaliers sans monture.

Ils seront dotés d'un fusil à baïonnette, d'une lance (au moins au début) et du sabre que nous présentons ici.

Garde à une branche marquée du poinçon de réception des armes réglementaires de 1793 à 1799.


Ces drôles de cavaliers seront tour à tour: messagers, transporteurs d'affut de canons, en charge du renseignement...mais surtout ils adopteront une nouvelle forme de combat, démontant de leurs dromadaires se formant en carré, souvent protégés  par leurs montures couchées, puis repoussant l'ennemi, remontant sur leurs dromadaires pour poursuivent l'ennemi à outrance.

Ainsi le Capitaine de la Greverie dans son ouvrage sur le "Régiment de Dromadaires" relate le suivant:
Le mystère des Hiéroglyphes

"Les soldats-dromadaires pouvaient joindre la mobilité de la cavalerie à la solidité de l’infanterie. Désormais , nul besoin de craindre pour une troupe l’assaut brutal et l’attaque percutante des cavaliers orientaux. Non seulement les soldats-dromadaires sont en situation d’assurer leur propre défense, mais ils se trouvent encore capables de prêter leur appui à des forces plus vulnérables.

 En leur compagnie, des escadrons, des détachements, peuvent s’aventurer loin du gros des armées sans pour cela encourir des risques néfastes. D’autre part, si l’adversaire visé s’avère comme peu nombreux, il est loisible aus soldats-dromadaires de l’écraser à eux seuls. Se muant tour à tour de prompts assaillants en lutteurs opiniâtres, et opérant isolément, ils acquièrent alors une allure si rapide que les fuir devient impossible. Les services rendus à l’armée d’Orient par un pareil corps sont multiples et inappréciables."


On tentera à leur création de les disposer dos à dos,
pour ne pas les laisser se faire surprendre par les Mamelouks


Quel chemin parcouru pour un conscrit de la nouvelle République, venu d'un terroir français, enrôlé dans un régiment de Hussard venu découvrir les hiéroglyphes de Carnac et apprendre à combattre depuis un dromadaire retord sous une chaleur étouffante.


Chape du fourreau avec l'encoche pour les deux oreillons bombés en navette de la garde









Remerciements:

Un grand merci et hommage à tous les illustrateurs et peintres:

 Rousselot, Begnini, Knötel, Telenik,Yejov, Orange, Meissonier, Gericault, Detaille, Leroux, Collingwood, Vernet, Gros, Conrad, Ganier Tanconville, Toussaint et tant d'autres... qui mettent des formes et couleurs sur notre imaginaire et permettent grâce à leurs immenses talents et travail d'égayer ce site.



Ce site est dédié aux soldats, officiers, généraux et maréchaux de 
l' Epopée Napoléonienne, tombés au champ d'honneur