Sabre d'Officier de Cavalerie Légère Batave -Troupes de Hollande de Napoléon


Sabre d'Officier de Cavalerie Légère Batave - Troupes de Hollande de Napoléon Premier

On retrouve ces sabres dans les collections en Hollande datant de la République Batave et de l'annexion de la Hollande à la France.

Ces sabres datent de la fin XVIII ème siècle ou tout début XIX ème.

© SabresEmpire

Il n'a pas d'inscription ou poinçon sur la lame ou marquage sur la monture donc cela reste une supposition "éclairée".

Les sabres d'officiers étaient des dotations privées et non pas d'état donc en absence de marquage du régiment  ou inscription sur la lame, il est impossible d'avoir une certitude quant à leur provenance.

Ce sont des sabres simples, hérités des traditions des premiers régiments de Hussards.

Ils sont à garde à la Hongroise, dite en "stirrups" pour les anglo-saxons.

C'est le deuxième sabre de la collection lié à l'histoire de nos amis Hollandais après le sabre d'Officier du 33 ème d'Infanterie Légère, composé entre autres de soldats Hollandais qui servirent héroïquement pendant la campagne de Russie.

© SabresEmpire


Carel Sirardus Willem van Hogendorp représenté avec le même modèle de sabre que le nôtre 
Lieutenant en second du 2 ème régiment de Cuirassiers hollandais en 1806
© Rotterdam Museum



© SabresEmpire


Hussard Batave avec le même type de sabre 


Bouton de rivure sur losange © SabresEmpire


Cavalerie du royaume de Hollande sous Louis Bonaparte
les Hussards avec des sabres "en fer"


© SabresEmpire

Ils seront remplacés au fil du temps par deux familles de sabres de cavalerie légère propres à tailler.

- En Europe du Nord...particulièrement en Autriche et en Angleterre par le sabre de 1796 (dit Blucher chez les Autrichiens en 1811) à la monture en "D", plus élargie, permettant un meilleur passage du gant du cavalier....avec une lame plus large telle une machette.

- En France, puis dans de nombreux pays européens, par le sabre avec monture dite à la chasseur (type an IX et an XI), présentant une meilleure protection de la main...

Notre sabre est typique des productions des pays "buveurs de bières', il est le descendant des montures à la Hongroises des premiers hussards, ainsi le modèle 1742 Prussien.


Modèle 1742 Prussien

puis  viendra le modèle 1788 en Angleterre et le modèle 1792 en Suède.

Modèle 1788 en Angleterre © NAM

Modèle de 1792 Suède 

On trouvera cet attachement des armes "en fer" de la république Batave et des pays du nord de l'Europe avec les sabres d'officiers de régiments de lanciers, créés dans les dernières années du Premier Empire pourtant ils rentreront souvent dans leurs pays d'origine avec de magnifiques sabres à la chasseur, fortement élaborés.

On trouve plus rarement ce type de monture en fer en France, toutefois a été vendu un sabre assez identique au notre, marqué sur la lame « 1 Regt de Chasseurs à Cheval » et « République Française ». Les sabres en fer seront  plus l’apanage  des lanciers et dans une moindre mesure des chasseurs. 

En France, la mode sera plus aux montures à branche simple en laiton avec quillon droit comme sur les célèbres modèles de sabres 1786 (voir celui de notre collection) et bien sûr le modèle le plus convoité: le sabre de Chasseurs à Cheval de la Garde Impériale.

En Angleterre durant le Premier Empire, les sabres "en fer" pour les officiers, inspirés du modèle 1796, seront à la mode (voir celui de notre collection) ainsi que les sabres à la Mamelouk.


© Collections privées de sabres de la République Batave


Monture héritée des sabres de Hussards à la Hongroise © SabresEmpire


Monture simple en fer, garde à une branche  à la hongroise avec quillon en forme de disque. Croisière à oreillons rectangulaires. Calotte à longue queue. Poignée en bois gainé de cuir brun filigranée de cuivre.



Lame courbe à pans creux, longueur 84 cm, talon 2.7 cm, flèche de 7 cm.

Fourreau en fer sans alèse de bois, ondulé sur sa face extérieure et uni entièrement sur l'autre face, sans bracelets de bélière mais avec pitons et anneaux d'acier soudés sur le bord; avec dard asymétrique.

Les pitons de bélières présentent six facettes.

Pommeau avec losange sur lequel est le bouton de rivure.

Statistiquement les sabres anglais ont souvent un bouton de rivure sur un pommeau rond alors que les armes bataves présentent un bouton de rivure en losange (une simple observation).

Une arme de combat simple et légère, non ostentatoire, pour un jeune officier de cavalerie légère batave.


10 Th Light Dragoon 1793 avec le sabre Modèle 1788
© Royal Collection Windsor


Entrée du fourreau qui est sans alèses de bois © SabresEmpire


9 ème Chasseurs-Lanciers en 1812, il a gardé
son sabre en fer hérité du Hanovre


Ce type de sabres perdurera tout au long de la période napoléonienne, on le retrouve d'ailleurs dans les collections russes de sabre français perdus pendant la campagne de Russie, au sein du musée de la Guerre Patriotique de 1812 de Moscou.

Sabres français des collections russes
Photo empruntée à Traditions No18
Museum of the Patriotic War 1812 Moscow


Dard asymétrique sur fourreau ondulé   © SabresEmpire


2 ème Hussard Batave


Pitons de bélières avec facettes  © SabresEmpire


J'engage les lecteurs à découvrir les nombreuses sources d'information quant à l'histoire des Pays-Bas  et de la République Batave.

C'est une histoire passionnante et complexe, pleine de rebondissement où Louis Bonaparte a semble-t-il réalisé de bonnes choses en son bref royaume.

Disons que après la longue période de gloire et de prospérité des Provinces-Unies, la République Batave
Drapeau de la Republique Batave

(1795-1806), également appelée Batavie, est la première et la plus durable des républiques sœurs de la France révolutionnaire. En théorie indépendante, elle était en réalité sous tutelle française après avoir été aidé au départ par les français.
Elle sera ensuite transformée par Napoléon en Royaume de Hollande (Koninkrijk Holland 1806-1810) avec son frère comme roi, Louis 1er Bonaparte.

Louis abolira dans son nouveau code civil...la torture et le travail forcé.

Il va créé l'Institut Royal des Sciences, la Direction générale des beaux-arts, la bibliothèque Royale, l'Académie Royale Néerlandaise des Sciences.

Il fit de la politique sanitaire une préoccupation majeure du gouvernement royal de Hollande, avec le développement de règles d'hygiène, l'aménagement des villes avec fontaines et parcs, une meilleure gestion des digues.


Louis Bonaparte se présentait comme un roi très proches des hollandais...malgré que les Hollandais soient hostiles à sa venue. Il se montrait récalcitrant à l'introduction par Napoléon de mesures françaises négatives pour la Hollande.

Napoléon jugea que son frère par sa politique très pro-hollandais le desservait. Il pensait que le refus de Louis d’introduire en Hollande la conscription, sous prétexte qu’elle était impopulaire, avait permis au Royaume-Uni de réussir son invasion.


Cravate de cuir entre les oreillons rectangulaires  permettant une meilleure
 étanchéité avec le fourreau  © SabresEmpire


Louis 1er Bonaparte Roi de Hollande 1806-1810

Le Royaume sera en 1810 intégré dans l'Empire français sous la gestion de Napoléon, divisé en départements français.

En 1813, les armées françaises sont chassées des départements hollandais après la défaite de Leipzig et le fils du dernier stathouder, Guillaume d' Orange débarque à Scheveningen et crée la principauté souveraine des Pays-Bas Unis.

On retrouvera "Silly Billy", (surnom donné par les anglais à Guillaume d'Orange pour son incompétence militaire notoire) à Waterloo face aux troupes françaises avec les troupes hollandaises, sous les ordres de Wellington.

En 1815, à la suite du Traité de Vienne Guillaume d’Orange, précédemment Guillaume VI des Provinces-Unies, devint Guillaume Ier des Pays-Bas. 

Durant ces changements de régime, de constitution, les régiments d'infanterie et surtout de cavalerie n'arrêteront pas de changer d'affectations et d'uniformes, dragons légers deviennent cuirassiers puis hussards pour redevenir cuirassiers, bref, difficile à suivre.

 
© SabresEmpire


Dragons Légers Batave

Retenons que des régiments de cavalerie batave formeront la Garde Royale de Louis Bonaparte...puis seront intégrés dans la grande Armée ..ainsi les fameux Lanciers Rouges de la Garde Impériale seront issus du régiment de hussards de la Garde Royale Hollandaise sous les ordres du général Pierre-David de Colbert-Chabanais, casernés à Versailles.

De nombreux soldats et officiers hollandais serviront brillamment dans les rangs de l'Armée Impériale, n'oublions pas les pontonniers hollandais et leur sacrifice au passage de la Bérézina. Aussi le 126e régiment d'infanterie, créé par Napoléon à partir de deux régiments d'infanterie hollandais en 1810 et qui sera anéanti pour couvrir la retraite de la Grande Armée au bord de la Bérézina.


Citons Carel Sirardus Willem van Hogendorp, en portrait (plus haut) avec notre sabre.

Engagée volontaire dans la marine en 1806, il devient ordonnance du roi de Hollande Louis 1er Bonaparte puis est transféré fin 1806 au 2ème régiment de cuirassiers. 

Il participe au siège de Dantzig puis Friedland en juin 1807, où il est fait chevalier de la Légion d'honneur. Il sert ensuite à l'état-major du maréchal Jean-Baptiste Dumonceau lors du débarquement manqué des troupes britanniques sur l'île de Walcheren en 1809. 



Le nouveau 14ème Cuirassier né
 de deux régiments hollandais



Après l'annexion de la Hollande par la France en 1810, il retourne dans son régiment de cuirassiers, transformé en 14 ème régiment de Cuirassiers dit "Cuirassiers Polonais", pour faire ensuite la campagne de Russie, combattant notamment sous les ordres du maréchal Laurent de Gouvion-Saint-Cyr. 

Le 14ème Cuirassier est créé a partir de deux régiments hollandais, ils connaissent leur premier engagement à la  bataille de la Moskova, en chargeant la Grande Redoute, ils perderont un tiers de leur effectif mais capturent 300 Russes. Puis il charge au bord de la Beresina pour gagner du temps pour ceux qui traversent, immortalisés par le tableau de Detaille “La charge en 1812”.


Lame à pans creux © SabresEmpire




En Allemagne en 1813, il sert à l'état-major de Gouvion-Saint-Cyr avec le grade de chef d'escadron. Il est fait prisonnier lors de la capitulation de Dresde, et parvient à s'évader et à rejoindre Paris où il assiste à l'arrivée des Alliés en avril 1814, après la première abdication.

Ne parvenant à retrouver du service aux Pays-Bas, il reste en France et est versé au 7ème régiment de cuirassiers, au sein duquel il combat à bataille de Waterloo ...ils s'y illustreront face à la brigade de dragons de Ponsonby, le commandant de l'Union Brigade.
Cette fameuse brigade était composée de dragons anglais, écossais et irlandais.


Dard asymétrique  © SabresEmpire

C'est dire si notre sabre a pu voyager, changer d'affectation...était-il entre les mains d'un officier des troupes étrangères de Napoléon... a-t-il servi un officier des Lanciers Rouges à la caserne de Versailles...a-t-il vu Moscou en flamme dans les mains d'un officier du 11ème hussard composés de Polonais?


Hussard Batave vers 1802


© SabresEmpire











Ce site est dédié aux soldats, officiers, généraux et maréchaux de 
l' épopée Napoléonienne, tombés au champ d'honneur



Pour en savoir plus:

- Dutch and Belgians Troops of the Napoleonic Wars OSPREY MILITARY.

- Traditions no 17 Le 2ème Rgt de Cuirassiers Hollandais par Martijn Wink.

- Traditions no 33 HS les Troupes étrangères de Napoléon.

- The Red Lancers de Ronald Pawly

Remerciements

Merci à tous les dessinateurs et peintres, notamment à P Courcelle, sans qui ces posts seraient plus fades.