Sabre d’Officier de Grenadier, Dragons de la Garde Impériale ou Cuirassier




Ce sabre, à garde de bataille à cinq branches, est probablement un sabre d'Officier de Cuirassier, de Grenadier à Cheval de la Garde Impériale avec son fourreau très proche du fourreau du sabre de Grenadier, du 2 ème type (an XI...1802-1803), de Carabiniers ou de Dragons de l'Impératrice.

Sans marquage de corps ou régiments, il est difficile d'attribuer cette arme avec certitude.

Il est inspiré du vieux modele de 1783, ces sabres avec garde en coquille Saint-Jacques ajourée chargée d'une grenade enflammée.
Attribués souvent aux officiers de Grenadier et Carabiniers cette monture sera à la mode vers la fin de l'Empire.

L'officier ne devait pas aimer la lame à la Montmorency, montée sur les sabres de troupe (voir notre modèle), puisqu'il a choisi une lame droite blanche de combat.

Dans tous les cas, il s'agit d'un sabre d'officier de "grosse cavalerie" de la Grande Armée, il est daté d' Octobre 1811,  mois de la bataille de Sagonte et capitulation de la ville devant le maréchal Suchet et son Armée d'Aragon.


Magnifique Garde de Bataille à la Grenade, emblème des Grenadiers.


Sous-Lieutenant Charles Legrand, fils du Général, tué à 19 ans lors du 2 Mai 1808 à Madrid





Les pékins se bousculent pour admirer les Grenadiers à Cheval de la Garde Impériale













Officier de Cuirassier arborant notre sabre


Le fourreau est marqué du fourbisseur "Lefevre Paris".

Le sabre mesure 1m17, pèse 1.964 kg et 1.28 kg sans fourreau, un beau gabarit.

La lame est blanche, sans gravure, du type des lattes de cuirassiers an XI.

Le fourreau est proche du deuxième modèle de fourreau pour la troupe des Grenadiers à Cheval de la garde.
Entre les deux garnitures, le bois du fourreau est gainé de veau ciré noir, renforcé au centre par deux bracelets en laiton.

Il n'y a pas contrairement au sabre de Grenadier de bracelet de bélières.


Magnifique dragon de la garde par Rousselot ©









Officiers en tenue de campagne 1805-1814 par L Rousselot ©



Calotte octogonale


Fourreau proche du 2 ème modèle des sabres de grenadiers 


Le Général d'Hautpoul à cheval avec son sabre by Édouard Detaille



Dard marqué "ND"



"Manufacture Impériale Klingenthal Octobre 1811"
En Octobre 1811 eut lieu la capitulation de la ville de Sagonte face à Suchet et la défaite française devant une armée anglo-espagnole, à Arroyo Molinos.








" Lefevre à Paris " ...Fourbisseur


Henri Lefevre était marchand fourbisseur sous l'ancien regime et l'empire, rue Saint-Denis à Paris comme en atteste sa séparation (le divorce étant interdit sous l'ancien régime) avec son épouse Marie- Magdeleine Benard, en Juillet 1785.
En cas d'adultère, le mari pouvait demander la séparation de biens, le divorce sera instauré en 1792.

Les droits du fournisseur étaient bornés à la monture, la garniture et la vente des épées, des lances, des dagues, des pertuisanes, et haches.

Ils ne forgeaient pas les lames qui venaient de Kligenthal, Solingen, etc...mais il avait une forge, en arrière cour,  afin de pouvoir réparer les lames, soies, bouton de rivure, et la création des fourreaux.



Journal de Paris situant le domicile ou boutique de Henri Lefevre, rue St Denis Paris


Officer de Cuirassiers avec le même type de sabre









Officier de Grenadier à Cheval de la Garde Impériale








Officiers subalternes et supérieurs de Cuirassiers


Cuirasse et casque de parade de Napoléon Ier, 1807
© Musée de la Légion d'Honneur Paris


Napoléon projeta de doter ses maréchaux d’armures de parade. Deux prototypes furent livrés pour l’Empereur et le maréchal Berthier peu après la victoire de Friedland en juin 1807. 
L'Empereur se trouvant fort ridicule, le projet resta sans suite et les deux cuirasses demeurèrent en possession de Berthier. 







Ce site est dédié aux soldats, officiers, généraux et maréchaux de 
l' Epopée Napoléonienne, tombés au champ d'honneur

A lire:

- Tradition No 198 Un sabre d"officier de Cuirassier, proche du notre avec garde de bataille, lame droite à double pans creux.

- Le livre "Le Jour De Colère" de Arturo Perez-Reverte où il décrit les événements du 2 mai 1808 en Espagne, notamment la mort du Sous-Lieutenant de Cuirassier Charles Legrand, fils du Général, tué à 19 ans. Fils du Général Claude Juste Alexandre Louis Legrand, qui lui décédera, en 1815, des blessures reçues au passage de la Bérézina.
On y "voit" la violence des combats et le massacre des cuirassiers par la population de Madrid.







Sabre d'Officier d'infanterie française de la Grande Armée.




Ce sabre d'officier d'infanterie n'a jamais fait l'objet d'un règlement officiel, c'est pourtant dans cette variante, un des sabres les plus utilisés sur les champs de bataille de l'ère napoléonienne.

Il apparait vers 1800 et souvent prend l'appellation de cette date.

Il se distingue par une monture à branche unique avec une calotte étranglée finissant par une coupole en forme de côtes de melon.

La poignée quadrangulaire est en bois, façon ébène quadrillé, le quillon de la branche principale est recourbé en bouton doublement strié.






Officier d"infanterie et son sabre à Hougoumont le 18 Juin 1815


Cravate de feutrine remplacée postérieurement


Officier du 17ème Léger portant le même sabre au baudrier par A Yejov ©





Officier de Grenadier du 6ème Régiment d'Infanterie de Ligne Polonais dirigeant le feu avec son sabre du même type que celui présenté...durant la bataille de Raszyn en 1809 par AF Telenik ©



Belle monture dites à "côtes de melon"


2ème de Ligne à Hougomont Waterloo par Chris Collingwood ©


La branche de garde est à angle droit avec la croisière, fixée par crochet dans la calotte.

Elle comporte en son milieu une grosse perle oblongue, accostée de deux moulures et deux oreillons en navette soulignés de chanfrein.

La lame, certainementt de Solingen, est courbe mais à faible flèche...pour une longueur de 71 cm...sur le talon de 3 cm de large…on y voit encore des restes de dorure. 

Elle fut bleuie (restes par endroits) et présente des gravures de foliacés et trophées militaires.


L'arme avec fourreau pèse 0.862 kg et 0.610 kg sans fourreau.




Restes de bleuis et dorure






Probablement une lame de Solingen


Le fourreau est en cuir noirci à deux garnitures en laiton, découpées en accolades.

La couture du fourreau est fatiguée, à l’origine, le fil de couture,  devait être écru à 4 brins et ciré à la poix noire avec une couture dites à l’allemande.

Bien que n’étant pas rares à trouver…ces sabres ne sont pas à dédaigner, car ils ont été les humbles témoins des combats de l’épopée impériale et celui-ci a une âme!


Le jeune Lieutenant lorsqu’il sortait du fourreau son arme de prestige bleuie et dorée….devenait un signe de ralliement et de reconnaissance pour la troupe ! au cri de :

"En avant! Vive l'Empereur"





Cravate postérieure 



Officier de voltigeurs d'Infanterie de Ligne en action avec ses hommes, sabre au poing


Ces sabres d’officiers d’Infanterie étaient portés par les officiers subalternes en service non monté…. pour copier les grenadiers…qui eux mêmes furent copier par l’Infanterie Légère qui eux-mêmes singeaient la Cavalerie Légère…ils aimaient arborer un sabre courbe…seuls les officiers de fusiliers préféraient porter par tradition, l’épée au ceinturon.




Notre sabre était porté principalement au ceinturon…mais certains comme les officiers de chasseurs et surtout de voltigeurs, lui préféraient le port au baudrier…peut être plus commode lors des longues marches avec leurs hommes et dans leurs missions de compagnies d'Elite!

D'ailleurs, tous les sous-officiers de la ligne, leur compagnies d'élite ainsi que l'Infanterie Légère, tambours et musiciens seront toujours armés de leur briquet... et ils le porteront en bandoulière.



Officier blessé de voltigeur du 3ème Régiment Suisse au coté de son sabre 1800, avec un Voltigeur, Grenadier et Officier de Grenadier






Ce sabre n’a pas le caractère ostentatoire de beaucoup d’armes d’officiers supérieurs de l’Empire !...il sent la promotion par le rang d’un sous-officier au grade de sous-lieutenant ou lieutenant !
(Lire l'article sur Devenir officier sous le Premier Empire)

Par la circulaire du 6 Frimaire  An XII...

"Un arrêté du gouvernement ordonne que les sous-officiers qui
Officier Infanterie de Ligne
 sabre au baudrier
seront promus au grade de sous-lieutenant après cinq années de service dans le même corps , recevront pour première mise, outre une gratification de 3oo francs, un habillement, un équipement et un armement uniforme complet, avec les marques distinctives de leur grade.


Le premier consul a décidé que ces effets, au lieu d'être fournis eu nature, seroient payés en argent par les conseils d'administration, et que la somme à accorder sera fixée ainsi qu'il suit :

 -Infanterie de ligne 250 fr
 -Infanterie légère 270 fr.

Au moyen de ces sommes, le sous-lieutenant devra se pourvoir des effets ci-après, savoir : l'habit, la veste, le pantalon , la coiffure, les bottes, les épaulettes, la dragonne, le baudrier, le ceinturon , l'épée ou le sabre."



Notre jeune officier a donc acheté une arme fort simple mais belle et élégante avec ses faibles moyens…afin d'assurer un certain décorum propre à sa nouvelle situation militaire et sociale.



En avant!

Tout au long de sa carrière, l’officier côtoie la mort…statistiquement elle frappera très fort durant la campagne d’Espagne, de Russie, à l'aller avec le Typhus et pendant la retraite, et enfin lors de l’année 1813.

La probabilité de mourir au champ d’honneur est supérieure à 15%...un chiffre beaucoup plus haut pour les officiers d’Infanterie car ils ont la cible privilégiées de l'infanterie légère (voir notre sabre d'Infanterie légère anglaise)…avec une forte probabilité de tomber sous les balles, boulets, biscaïens…plus que d’un coup de sabre !

Les projectiles variés et l’artillerie en ce début du XIX siècle était donc à redouter.

La probabilité de mourir au combat sera beaucoup plus forte à partir de 1808 à 1813, les sharpshooters anglais feront des dégâts parmi les officiers français avec le Baker Rifle en Espagne.



Officier d'Infanterie Légère Saxonne par A Telenik ©







L’infanterie est la reine des bataille, elle est l’épine dorsale de l’armée napoléonienne.

Le soldat d’Infanterie porte à travers l’Europe et la Russie, le fusil à silex modèle 1777, modifié an IX de 4 kg 735 au calibre de 17.5 mn.

Officer Infanterie de la Garde

Pour tirer le fantassin doit ouvrir d'abord le bassinet, puis ayant déchiré la cartouche avec les dents, remplir de poudre le bassinet et le refermer.

Il verse ensuite le restant de la charge de poudre dans le canon et bourre par deux fois l'enveloppe de la cartouche avec la baguette, introduisant la balle entourée des deux épaisseurs de papier.

Puis il arme le chien du fusil dont le silex est prévu pour une cinquantaine de coups…les balles de plombs sont de 20 à la livre.

La poudre utilisée est commune aux armes portative et à l’artillerie…à savoir un mélange de trois quarts de salpêtre, un huitième de charbon, un huitième de soufre, en grains relativement gros.

Elle encrasse rapidement le canon, qui doit être lavé tous les cinquante ou soixante coups, puis séché et graissé.

Nettoyer une arme utilisant de la poudre noire est un long travail, car cette poudre encrasse toutes les parties de l'arme et elle favorise très rapidement la rouille.

Le tireur tire 2 à 3 coups à la minute !...et l’arme ne faisait pas feu une fois sur quinze, bien plus par temps de pluie.


Le tir était précis jusqu’à 70 pas mais mortel jusqu'à 400 ou 500 pas...l'arme ne comportant pas de hausse, le soldat tirait alors un peu au jugé:

- à 70 pas il visait le torse... à 150 pas... la tête.

- à 300 pas le pompon du shako de l’ennemi.


De belles traces d'usage...


Infanterie Française de Ligne avant l'arrivée du shako en 1806


Aucune protection de la platine n’est prévue, aussi le soldat doit-il la protéger de l'humidité en l'entourant de chiffons ou du mouchoir...lorsqu'il n'est pas au combat.



L'uniforme de l'infanterie française change peu durant l'Empire, il est assez identique à celui des guerres de la révolution.

On raccourcit globalement l'habit, donnant au soldat un uniforme plus pratique...et seyant!

En 1806, on remplaçe le tricorne de feutre par le shako de cuir, qui protége bien mieux de la pluie et des coups de sabre.

Le pantalon et la capote seront adoptés pour la tenue de campagne en 1810.

L'habit est bleu foncé à revers blancs pour l'Infanterie de Ligne...les poignets, cols, épaulettes et plumet sont rouges pour les grenadiers, jaunes et vert pour les voltigueurs.


Couleurs des plumets, ponpons et épaulettes
par Napoleonistyka ©



Le pantalon est blanc, les guêtres noires, la capote grise...la couleur de l’uniforme est entièrement bleue pour l'Infanterie Légère...avec épaulette et plumet rouge pour les carabinier ( équivalent des grenadiers pour la Ligne) et jaune/rouge pour les voltigeurs...un plumet rouge et vert comme leurs épaulettes pour les chasseurs...les compagnies du centre.



Carabinier Infanterie Légère






Le shako est en cuir noir, à jugulaire de cuivre, cocarde tricolore et aigle en cuivre au numéro du régiment.


L'Infanterie est divisée en deux catégories...les régiments d'Infanterie de Ligne (135) et les régiments d'Infanterie Légère (35).

Les soldats de l'Infanterie de ligne sont des fusiliers et ceux de l'Infanterie Légère des chasseurs.


A part l'uniforme et le nom, rien ne permet de différencier les deux formes d'Infanterie quant à l'armement et l'utilisation tactique.

Les régiments d'Infanterie légère sont utilisés de la même façon que les régiments de l'Infanterie de ligne...la différence entre types de soldats se trouve dans les compagnies d'élites.

Pour les  déploiement en tirailleur, les coups de force éclairs, les reconnaissances ou les patrouilles ont fait appel au compagnies d'élites!


Chaque bataillon d'Infanterie de Ligne comporte une compagnie, dites d'élite, de Grenadiers (appelés Carabiniers dans l'Infanterie Légère), des hommes de haute taille, coiffés du fameux bonnet d'ourson, portant les épaulettes rouges, montant la garde au poste et exemptés de corvée!

Ils sont mieux payés que les autres fantassins car se sont des soldats d'élite que l'on engage dans les missions les plus difficles et dangereuses.


Sont déployées au centre, quatre à huit compagnies de Fusilier, le soldat le moins payé de la Ligne et qui ne portent pas le briquet...la couleur de leur pompon varie en fonction du numéro de leur compagnie.

Et enfin sur la gauche du bataillon de Ligne, une compagnie de Voltigeurs,  formée d'hommes de petite taille, avec une forte expérience au combat. 


Chasseur du 9 ème Léger par A Yezhov ©




Ils ne cesseront d'entretenir la concurrence avec les Grenadiers placés à droite du bataillon! Compagnie d'Elite oblige!

Toutes ces compagnies d'élite sont équipées de sabres-briquets, réservé aux sous-officiers dans le reste des bataillons.

Le baudrier du sabre et celui de la cartouchière forment une buffleterie croisée qui permet de reconnaître au premier coup d'œil une compagnie d'élite !

L'Infanterie Légère, quant à elle ... est composée sur la gauche du bataillon... d'une compagnie de Voltigeurs au plumet jaune et rouge...et des Carabiniers à droite au plumet et épaulettes rouges et au centre les quatre à huit compagnies de Chasseurs. au plumet et épaulettes vert et rouge..ils portent aussi le sabre-briquet...qui sera supprimé en 1807 pour les voltigeurs... mais dans les faits beaucoup le garderont au moins jusqu'en 1809!


L'Infanterie Légère n'a pas de drapeaux et aigles...afin de pouvoir se déployer en tirailleur et ils communiquent non pas au son du tambour mais au moyen du clairon. 


Officer de voltigeurs et voltigeurs de L'Infanterie Légère par G Rava ©










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